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Fin février. "Nous rentrons d'Argentine."

le 21 mars 2018

Nous rentrons d’Argentine.

Nous rentrons chargé.e.s.
Chargé.e.s, nourri.e.s, ému.e.s par toutes ces rencontres, tous ces humains qui construisent, qui inventent, qui cherchent.

Nous rentrons plus féministes que jamais.
Toutes ces femmes et ces hommes qui luttent de plein de manières différentes contre le patriarcat sous toutes ses formes. Dans un mouvement féministe, antipatriarcal, multiple et dynamique. Partout. Avec nécessité.
C’est très beau à observer.

Nous rentrons encore plus persuadé.e.s d’une nécessité de mettre au cœur de l’éducation populaire la question de l’environnement, de la nature, des terres, de l’écologie.
L’écocide de Monsento (jugé au Tribunal de la Haye en avril 2017) est bien présent en Argentine : 75 % des terres sont aujourd’hui des OGM, avec des tonnes de glyphosates déversées sur ces terres.
De riches entrepreneurs européens achètent des montagnes, des lacs pour créer des stations héli-ski, et des paradis « fiscaux ».
Les communautés Mapuches au front de la lutte pour la préservation des territoires de leur richesse.

Nous rentrons touché.e.s par la question de la lutte Mapuche.
Intrigué.e.s et alerté.e.s par la non-prise en compte par l’ensemble d’un pays, d’un peuple qui lutte au front pour la sauvegarde de pensées, fonctionnements, points de vue capitaux et très inspirants.
Nous rentrons traversé.e.s par la question des peuples.
Comment l’éducation populaire politique française embrasse-t-elle cette question ?

Nous rentrons passionné.e.s par l’histoire de l’éducation populaire d’ici, qui vient plutôt de la campagne, des communautés de paysans, contrairement à celle dont on se sent, nous, héritiers en France : la culture ouvrière.
L’éducation populaire est ici dans ses racines paysannes et rurales.

Nous rentrons ému.e.s de sentir une destinée collective, à la rencontre de personnes qui ont travaillé avec Boal, Freire, qui inventent une éducation populaire à l’échelle latino-américaine.
En Argentine, on met beaucoup d’énergie à raconter les racines, à chercher les racines qui font le collectif d’hier et d’aujourd’hui.
Ça donne une sacrée force de se sentir de ces racines-là.

Nous avons retrouvé des ami.e.s et des associations très affecté.e.s et boulversé.e.s par le contexte politique et économique que vit l’Argentine depuis le président Macri, et tant d’années de capitalisme sous toutes ces formes.

L’espoir « d’on ne sait quoi » qui traversait l’Argentine il y a une dizaine d’année s’est évanoui.
Nous rentrons pourtant très reconnaissant de toute cette énergie partagée par les Argentin.e.s pour continuer à militer sous toutes ses formes, à inventer, à créer.

Nous rentrons témoins de l’incroyable galère dans laquelle la France va se retrouver (et est déjà) à avoir professionnalisé le métier de « militant social », de « militant associatif », « d’artiste »...
À avoir professionnalisé, carriérisé, rendu dépendants de l’État, de subventions, ces pans entiers de liens, de ressources et de solidarités essentielles à un peuple.
Quand l’argent disparaît, nous arrêtons ces fonctions. Nous ne ferrons plus la même chose sans être payé.
C’est grave. Et on ne l’a pas vu venir. C’est quand même tout simple. Mais là, on prend une grosse baffe.

 

Nous rentrons avec l’envie d’inventer des formes pour continuer à former, à transmettre, à agir, à chercher, avec des parties qu’on préservera toujours de la dépendance des financements, qui nous enchaînent et détruisent des dynamiques et des mouvements militants nécessaires.

Nous rentrons ému.e.s, nourri.e.s et chargé.e.s.
Et accompagné.e.s : Juan Ma, Elena, Rodrigo, Brian, et peut-être Chuca vont nous rendre visite.
Alors on espère que vous aurez le plaisir de les croiser.

 

No pasaran