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Avec qui et pourquoi agissons-nous ?

le 5 novembre 2019

Ici c’est la tempête : de l’eau, du vent, des embruns, de l’humidité.
L’hiver commence fort.
Imprégnés par les éléments, nous tentons d’avancer dans la complexité en chassant la morosité.

Les formations se préparent et des journées d’accompagnement pour des collectifs en difficulté viennent se caler dans le peu d’espace qu'il reste.
La réforme de la formation professionnelle continue de nous ronger petit à petit. Elle nous épuise, lentement mais sûrement.
La radio hurle son lot de vulgarités et d’effondrement démocratique, c’est d’une tristesse...

Alors, on respire et on se recentre.

Dans ces moment je me répète Gramsci en boucle : "Il faut opposer le pessimisme de la raison à l’optimisme de la volonté."
Il faut aussi parfois revisiter les actes et relire le sens de ce qu’on produit.

Avec qui et pourquoi agissons-nous ?
Prenons le programme, d’un mois :

☛ D'abord un accompagnement de collectif en crise, c'est dur pour eux. Ils travaillent dans des conditions épuisantes, ne se payent pas ou presque. Ils sont pourtant si utiles.
Il va falloir trouver comment les accompagner à négocier avec les structures politiques qui régissent leur temps (et qui semblent invisibles, comme toujours).

☛ Mardi prochain, des équipes professionnelles, engagées dans leur île.
Commencer par les méthodes de mobilisation et d'analyse, de réflexion collective pour tisser un avenir où il est possible de penser les politiques de santé ensemble, tous ensemble.
"Ce que tu fais pour les autres sans les autres, tu le fais contre les autres."

☛ 10 jours plus tard, à Toulouse, une formation. Comment la culture peut faire de la transformation sociale et contribuer à la vie démocratique, là où elle intervient ?
Car elle le peut, elle le fait parfois. C'est éminemment politique. Il faut reprendre toute l'histoire et se raconter une autre histoire où le politique ne dissèque pas : le social d'un côté, le culturel de l'autre.

☛ Passage éclair de 2 jours dans un lieu collectif. Une aventure très généreuse. Dans la tempête, elle aussi.
Peu de temps pour accompagner l'analyse et négocier le virage, trouver où se cachent les freins, ce qui qui empêche l’enthousiasme. Trouver les leviers structurels dans la dynamique collective.
Passer un cap. Et le célébrer.

☛ À Rennes, début décembre, je retrouverai une équipe, grande structure balayée par les vents et les marées (comme nous tous) mais qui tient bon depuis longtemps.
Faire un point, trouver les angles, nourrir ensemble la culture de la coopération. Être méthodique et rigoureux. Penser les dominations structurelles, trouver les leviers pour les travailler au corps.

 

Et puis il y a les formations et les accompagnements qui se préparent pour l’année prochaine, c’est bien rempli déjà.

Ça prend du temps de construire du sens, d’être certains que les objectifs que l’on formule soient atteignables, d’être volontaires et généreux dans les transformations que l’on souhaite entreprendre ensemble.
Naviguer dans la tempête, dépend bien souvent de la préparation et de l'organisation...

Et puis nous travaillons notre structure, l’Escargot.
Comment tenir bon nous aussi ?!

Jaures dans le Discours à la jeunesse, à Annecy :

Le courage, c’est de ne pas livrer sa volonté au hasard des impressions et des forces ; c’est de garder dans les lassitudes inévitables l’habitude du travail et de l’action. Le courage dans le désordre infini de la vie qui nous sollicite de toutes parts, c’est de choisir un métier et de le bien faire, quel qu’il soit : c’est de ne pas se rebuter du détail minutieux ou monotone ; c’est de devenir, autant que l’on peut, un technicien accompli, (...) cependant de ménager à son regard, à son esprit, quelques échappées vers le vaste monde et des perspectives plus étendues. Le courage, c’est d’être tout ensemble et quel que soit le métier, un praticien et un philosophe. Le courage, c’est de comprendre sa propre vie, de la préciser, de l’approfondir, de l’établir et de la coordonner cependant à la vie générale. Le courage, c’est de surveiller exactement sa machine à filer ou à tisser, pour qu’aucun fil ne se casse, et de préparer cependant un ordre social plus vaste et plus fraternel où la machine sera la servante commune des travailleurs libérés. (...) ; c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense. Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques.

La fameuse réforme de la formation nous prend toujours beaucoup de temps et d’énergie. Au point qu’on cherche vraiment à se réorganiser pour mieux vivre tout ça. On creuse avec les copains. Et on cherche aussi très fort du coté des structures coopératives existantes. L’idée de rejoindre une coopérative d’activité germe en nous. Elle germe depuis longtemps déjà..
Et nous enchante de plus en plus ! Elle pose d’innombrable questions, certes, mais nous pensons vraiment que l’avenir tisse sa toile la plus belle dans ces aventures-là.

Voilà donc le mois qui vient.
Plein de questions, de tensions, mais aussi plein de rencontres et de sens.
Plein de difficultés et d’espoirs.
Plein de problèmes, plein de solutions.

Lentement l’Escargot chemine, expérimente et cherche... il en bave.
Il tente humblement de trouver sa place, d’être utile et de résister.
Comment contribuer au mieux à l'organisation de la vie collective, pendant et après la tempête ? L'Escargot est lent mais sa coquille le protège, il est plutôt bien adapté à l'humidité, sa spirale en étendard, il sait bien que les cycles se répètent et ne se ressemblent pas. Il avance coûte que coûte. Freiné mais aussi propulsé par les intempéries et les difficultés.

Nous en sommes exactement là.

Vivement la suite, avec vous !
Au coude à coude.

 

L’équipe de l'Escargot Migrateur